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Comment débuter une bonne histoire

Par Jean-Michel

(mis à jour le 28 octobre 2024)

Rien n’est plus crucial pour captiver un lecteur que les premières lignes d’un récit. Un bon début donne le ton, introduit un personnage central et laisse entrevoir les enjeux à venir. Cela peut sembler intimidant, mais en comprenant les bases et en maîtrisant quelques techniques, chaque auteur peut écrire une ouverture de récit qui pique la curiosité et suscite l’envie d’en savoir plus.

1. Poser le Décor et Donner le Ton : Une Introduction Immersive
Dès les premières phrases, le lecteur doit sentir l’ambiance du récit. Est-ce une histoire dramatique, teintée de poésie ou d’humour noir ? Voici quelques techniques pour immerger immédiatement le lecteur :

Le décor : Que voit, sent ou entend le personnage dans la première scène ? Parfois, une description sensorielle forte suffit pour transporter le lecteur. Exemple : "Les vagues frappaient la falaise comme un roulement de tambour désespéré…"

La voix narrative : Choisir un ton adapté est primordial. La première personne rend l’histoire intime ; la troisième personne peut offrir une perspective plus large ou mystérieuse. Le choix de temps (passé ou présent) et de focalisation (omnisciente ou limitée) façonne aussi l’ambiance.

Le genre littéraire : Si votre histoire relève de la science-fiction, du fantastique ou du réalisme, faites-le ressentir dès le départ. Une ouverture mystérieuse pour un thriller, un univers visuel fort pour de la fantasy ou des détails technologiques pour de la science-fiction permettent au lecteur de s’ancrer dans le genre de votre récit sans se poser de questions.

2. Créer une Connexion Immédiate avec le Protagoniste
Le personnage principal est la porte d’entrée de l’histoire. Le lecteur doit s’attacher ou s’intéresser à lui très vite, même s’il ne le connaît que partiellement. Pour y parvenir, il existe plusieurs méthodes :

Dévoilez une part de vulnérabilité : Un trait de caractère ou une faiblesse rend un personnage plus humain et intriguant. Par exemple, un détective expérimenté qui panique devant une simple araignée intrigue immédiatement.

Montrez un désir ou un objectif : Dès les premières lignes, le lecteur devrait comprendre ce que cherche le personnage. Est-il en quête de vengeance, d’amour, ou fuit-il quelque chose ? Un protagoniste avec un objectif est un protagoniste captivant.

Plantez un élément mystérieux : Si le protagoniste est en train de commettre une action ou de prendre une décision étrange sans explication, le lecteur se sentira investi pour en comprendre les raisons. Par exemple : "Il serrait la lettre dans sa main, la dernière preuve de sa vie d’avant, alors qu’il traversait la ville sous une pluie battante."

3. Équilibrer le Suspense et la Clarté
Un bon début ne doit ni étouffer le lecteur sous une montagne d’informations ni le plonger dans une confusion totale. Trouver l’équilibre est essentiel :

Allusion, pas exposition : Montrez au lieu d’expliquer. Par exemple, décrivez des détails suggestifs – un uniforme militaire, une pièce sombre, des bruits étranges. Le lecteur sera invité à déduire des éléments sans être submergé par des explications.

Évitez le mystère gratuit : Laisser le lecteur dans le flou peut rapidement tourner à la frustration. Donnez-lui des repères clairs : qui est le personnage principal, où se déroule l’action, quelle atmosphère domine. En revanche, vous pouvez semer des détails non résolus pour susciter sa curiosité.

4. Utiliser le Conflit pour Créer de la Tension Immédiate
Les histoires sont propulsées par les conflits, qu’ils soient internes ou externes. Un bon début inclut souvent une forme de tension, même subtile, pour accrocher le lecteur :

Le conflit externe : Le personnage est déjà confronté à un obstacle, un ennemi ou un problème dans sa vie. Par exemple, imaginez une scène où il est sur le point d’être licencié – le lecteur aura immédiatement envie de savoir comment il va réagir.

Le conflit interne : Une lutte personnelle, comme une peur, un dilemme moral ou une faiblesse, peut aussi suffire pour créer de la tension. Par exemple, un personnage hanté par un passé douloureux mais qui se retrouve dans une situation qui le rappelle pourrait intriguer et créer un lien immédiat.

Évitez les conflits sans enjeux clairs : Assurez-vous que les conflits initiaux sont liés à l’histoire à venir. Évitez les scènes de bagarre sans contexte ou les péripéties sans enjeu émotionnel.

5. Clarifier ce qui Est en Jeu
Ce qui motive le personnage est essentiel pour impliquer le lecteur. Sans enjeux, même la scène la plus excitante perd de son impact.

Établissez les risques : Que se passe-t-il si le personnage échoue ? Que pourrait-il perdre ? Peut-être sa liberté, sa vie ou la confiance de ses proches. Ces enjeux donnent de l’importance à ses choix et de l’intensité à l’intrigue.

Montrez les attentes du personnage : Que prévoit-il de faire pour surmonter l’obstacle initial ? Sa première réaction, qu’elle soit logique ou irrationnelle, aidera à esquisser sa personnalité et à donner une direction à l’histoire.

6. Donner des Indications Narratives et Thématiques
Les premières pages offrent un aperçu des thèmes centraux et du ton général. Ces indices permettent de poser les bases sans que le lecteur en ait forcément conscience :

Esquissez le thème de l’histoire : Sans être trop explicite, laissez apparaître les grandes idées sous-jacentes : la recherche d’identité, la liberté, l’amour, la trahison… Ces éléments donneront une profondeur au récit dès le début.

Indiquez le point de vue narratif : Le style et la focalisation (interne, externe, omnisciente) doivent être évidents dès les premiers paragraphes pour guider l’expérience de lecture.

7. Éviter les Erreurs Classiques d’Ouverture
Pour que le début d’une histoire retienne l’attention, évitez les écueils suivants :

Une exposition indigeste : Trop de détails d’un coup, surtout concernant le passé du personnage ou l’univers, risque d’étouffer l’intrigue et d’ennuyer le lecteur.

Les débuts sans lien avec la suite : Un prologue ou une première scène trop déconnectée de l’histoire principale peut embrouiller le lecteur. Chaque détail du début doit idéalement avoir une utilité dans le développement futur de l’intrigue.

Des enjeux incompréhensibles : Si le lecteur ne comprend pas ce que le personnage risque de perdre ou de gagner, il pourrait avoir du mal à s’investir émotionnellement.

Exemples de Débuts Réussis
Des exemples de grands débuts peuvent fournir des inspirations puissantes :

Jane Austen, dans Orgueil et Préjugés, commence par une phrase mémorable qui résume le conflit social et le thème central : « Il est universellement reconnu qu’un homme pourvu d’une grande fortune doit être en quête d’une femme. »

Dans Le Vieil Homme et la Mer d’Ernest Hemingway, on plonge dans le quotidien d’un vieil homme en lutte avec la mer, un ennemi et un miroir de lui-même, captivant dès les premières lignes.

Conclusion : Les Premiers Pas d’un Long Voyage
Un bon début est comme une promesse faite au lecteur : il suscite des attentes, esquisse un monde et donne envie de suivre les personnages dans leur aventure. En suivant ces techniques, en révisant, et en prenant soin d’équilibrer tension et exposition, chaque auteur peut créer une ouverture captivante qui donnera au lecteur toutes les raisons de poursuivre la lecture.

N’oubliez pas de peaufiner votre début lors de la réécriture : assurez-vous que chaque mot compte, que le ton est juste, et que les personnages et le monde semblent vivants dès les premières lignes. Bon courage, et surtout, bonne écriture !

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