Dagobert Avom Abega, d’origine camerounaise, administrateur civil et sous-préfet à la retraite depuis l’année 2013.
Au plan professionnel, j’ai servi pendant une vingtaine d’années dans des unités administratives éloignées, enclavées et d’accès très difficile, où j’ai pu toucher du doigt les réalités profondes et parfois inimaginables de la pauvreté, dans six régions sur les dix que le pays compte.
Epris d’humanisme face à la souffrance de mes administrés, je suis descendu de mon piédestal d’administrateur pour effectuer des tournées éprouvantes à pieds, à dos de cheval ou en pirogue dans les montagnes, la forêt, les cours d’eau importants et la savane, à affronter les intempéries et d’autres difficultés extrêmes.
Ce fut une expérience unique, et en même temps exaltante dans des localités manquant très souvent d’eau courante, d’électricité, des moyens de communication comme la radio, la télévision, le téléphone, l’internet et bien d’autres commodités comme des lits souples et douillets pour nos nuits passées dans des conditions parfois inimaginables ; les jeunes enfants dans les villages comme OUE, INA, ABAFUM, AKWANCHA et bien d’autres n’ayant encore jamais vu une voiture depuis leur naissance, par le manque des routes.
Révolté par cet état des choses, j’ai construit des routes à la main pour apporter un palliatif et les soustraire à la souffrance de la marche à pieds, et celle du transport des malades à évacuer vers les centres de santé par des civières traditionnelles portées sur les épaules. Dans le même élan, j’ai transformé des villages aux cases recouvertes de chaume ou de nattes de raphia en des petits centres urbains, grâce à l’investissement humain et l’utilisation maximale des opportunités locales.