Awaïmini
Nombre de pages en A4 : 168
Livre publié le 22 septembre 2024
Cette oeuvre est protégée par les droits d'auteur au sens de l'article L. 111-1
du code de la propriété intellectuelle (CPI).
Protection des oeuvres
Les droits d'auteurs conférent par principe une propriété privative é son
titulaire, lui permettant de déterminer les conditions d'exploitation de son oeuvre.
Les infractions aux droits d'auteurs sont sanctionnées pénalement (CPI, art. L. 335-1 é L. 335-10)
La violation des droits d'auteurs est constitutive du délit de contrefaçon puni d'une peine de 300 000 euros
d'amende et de 3 ans d'emprisonnement (CPI, art. L. 335-2 s.).
Des peines complémentaires - fermeture d'établissement, confiscation, publication par voie d'affichage de la
décision judiciaire - peuvent en outre étre prononcées.
Les statistiques du livre
370 lecteurs ont feuilleté le livre
178 téléchargements au total.
5 téléchargements sur les 7 derniers jours
0 téléchargement aujourd'hui
Evaluer le livre "Awaïmini"
Note globale pondérée
4/5 sur 3 votants
Thème :
Rentrée Littéraire 2024
Littérature
ISBN : 978-2-9586815-2-4
La quatrième de couverture
Autant le reconnaître tout de suite, ces histoires ont été écrites entre mes vingt et vingt-cinq ans, c’est-à-dire, hélas, il y a bien longtemps. Certains décalages avec notre époque s’expliquent mieux ainsi.
Elles intéresseront des psychanalystes curieux ou des lecteurs que les intermittences de l’âme peuvent intriguer : qui sommes nous ?
De quoi nos parcours sont-ils faits ? Quelles sombres perspectives les animent, transformant parfois nos chemins en autant de torrents destructeurs ?
Dans ces histoires où chacun s’évertue de son mieux, ces questions sont posées. Dans tous les cas, même entouré de jolies femmes et d’une nature exubérante qui pourrait agir comme un baume, rien n’est simple. Tout, même, se complique.
Âmes sensibles s’abstenir.
La première page
Maïmé est une petite bourgade du nord-est de l’île Oumaoumour.
La vue la plus jolie que l’on peut en avoir se trouve environ à mi-côte des
montagnes qui lui font dos. Là, entre deux branches de feuilles d’orangers, on peut y découvrir le doux balancement des cocotiers et des bougainvilliers que le hasard aura plantés en bordure de mer et de l’autre côté de la route qui en est l’immédiat pendant.
Toutes les maisons y sont rangées dans un savant et gentil désordre. Leurs toits de tuiles rouges ou de feuilles de palmiers recouvrent sans exception des corps de bâtiments en bois, le plus souvent badigeonnés d’une chaux qui ne résiste pas au temps.
C’est l’une de ces maisons que j’habitais avec ma femme.
Depuis notre mariage, les choses n’allaient pas très bien entre nous. Nos
tempéraments et nos goûts s’opposaient. Des habitudes trop vite prises firent le reste. J’en rendis responsable mon imagination qui avait trop tôt prêté à ma femme des
qualités qu’elle n’avait pas ou qui n’étaient pas celles que j’eusse souhaitées.
4
Je me résignai quelque temps puis, comme aucune amélioration ne semblait décidément possible, je demandai le divorce ou la séparation qu’elle me refusa tous deux d’une façon si catégorique que j’en demeurai prostré et désespéré pendant longtemps.
J’attendis donc quelques années pour retrouver un peu de courage et lui dire un soir, alors que nous nous couchions :
– Imra, je voudrais vous parler.
D’un geste automatique, Imra rechaussa ses lunettes et se prêta, avec son sérieux
habituel, à l’audition de mon discours.
– Imra, commençai-je lentement, dire qu’entre nous les choses pourraient aller plus
mal serait une affirmation hors de propos et de toute façon peu constructive.
Je pris le temps d’une brève respiration avant de poursuivre :
– Par ailleurs, affirmer qu’elles vont tout à fait bien serait, vous en conviendrez, nous
leurrer inutilement.
Imra ne broncha pas.
– Imra, continuai-je, nous sommes si différents l’un de l’autre qu’après plus de vingt ans de vie commune, je comprends toujours aussi mal quelles satisfactions vous trouvez à l’existence. Elle me paraît faite chez vous de telles habitudes que rien ne semble jamais la faire vivre. Lorsque le vent souffle, les pierres bougent plus que vous. Le sable même est animé de frémissements lorsque les vagues le recouvrent. Leurs vibrations sont un perpétuel embrasement auprès duquel votre vie semble étouffée par les lumières de la mort.
Naturellement, ajoutai-je très vite par crainte d’être interrompu, quoi qu’une telle situation puisse avoir de douloureux pour un mari et un compagnon, je crois que j’aurais pu me faire encore longtemps à cette situation si vous n’aviez été si possessive, si froidement autoritaire au point de minuter mon propre temps, de calibrer mes moindres mouvements, d’assujettir mes pensées les plus secrètes jusqu’à m’empêcher de boire ou de fumer sans me l’avoir jamais demandé.
Ces contraintes incessantes m’ont rendu plus insupportables chaque lever de soleil, chaque éclat de rire, la moindre couleur dont j’ai fini par devenir jaloux parce qu’ils participaient à des bonheurs dont j’étais exclu sans l’avoir mérité.
Professeur d’histoire/géographie retraité. Docteur en histoire contemporaine. Sujet de thèse : "Molière, portrait de la France dans un miroir". Sujet de prédilection : le rapport des historiens avec les sources.