Débandade en Afrique du Sud
Nombre de pages en A4 : 403
Livre publié le 2 janvier 2024
Cette oeuvre est protégée par les droits d'auteur au sens de l'article L. 111-1
du code de la propriété intellectuelle (CPI).
Protection des oeuvres
Les droits d'auteurs conférent par principe une propriété privative é son
titulaire, lui permettant de déterminer les conditions d'exploitation de son oeuvre.
Les infractions aux droits d'auteurs sont sanctionnées pénalement (CPI, art. L. 335-1 é L. 335-10)
La violation des droits d'auteurs est constitutive du délit de contrefaçon puni d'une peine de 300 000 euros
d'amende et de 3 ans d'emprisonnement (CPI, art. L. 335-2 s.).
Des peines complémentaires - fermeture d'établissement, confiscation, publication par voie d'affichage de la
décision judiciaire - peuvent en outre étre prononcées.
Les statistiques du livre
389 lecteurs ont feuilleté le livre
128 téléchargements au total.
2 téléchargements sur les 7 derniers jours
2 téléchargements aujourd'hui
Evaluer le livre "Débandade en Afrique du Sud"
Note globale pondérée
5/5 sur 2 votants
Thème :
Littérature
La quatrième de couverture
Fred Kitoko a fui son pays natal la RD Congo à cause de la guerre, la dictature, les violations de droits de l’homme, la misère, la pauvreté et l’intolérance politique qui y sévissent depuis plus de dix ans. Il trouve refuge en Afrique du Sud, un pays qui se prépare pour organiser ses premières élections libres et démocratiques après la fin de l’apartheid. Il y croit dur comme fer que son avenir sera brillant dans ce pays qui se proclame être une nation arc-en-ciel où les peuples de différentes origines et races sont censés se côtoyer et vivre ensemble dans la paix et l’harmonie. Mais très vite, il constate que lui, ensemble avec tous les étrangers africains noirs, ne sont pas les bienvenus dans ce pays hostile et devront faire face à des attaques régulières mortelles de la part des Sud-africains noirs.
La première page
Comme d’habitude, l’Hôpital général Nelson Mandela de Johannesbourg (NMGH) était bondé et mouvementé. Docteurs, infirmiers et infirmières, et personnel médico-administratif de toutes sortes – visiblement épuisés, surmenés et déjà mal payés – entraient et ressortaient des bureaux, du dispensaire, des salles d’urgence et d’opérations à un rythme infernal, s’efforçant tant bien que mal de remplir leur devoir quotidien de soigner les malades. Emaciés, presque méconnaissables, désemparés et inexpressifs, les malades hospitalisés agonisaient sur leurs lits, pendant que d’autres dandinaient çà et là dans la cour, et certains marchaient en zigzaguant, recherchant une bouffée d’air miraculeuse qui les aurait guéris assez rapidement. Et tout ceci sous le regard angoissant des membres de leurs familles qui se demandaient si l’ange de la mort – apparemment aperçu très tôt matin dans les parages par un médecin sangoma (tradipraticien) – était venu les ramener auprès du Créateur.
En effet, le médecin sangoma, un pédiatre, avait informé ses collègues qu’à son arrivée ce matin-là, il avait vu, assis devant l’entrée principale de l’hôpital, un esprit invisible qui ressemblait à l’ange de la mort. Et depuis ce moment, selon lui, il avait l’impression que le vieil hôpital dégageait l’odeur de la mort. Alors que certains de ses collègues avaient exprimé des doutes sur cette vision étrange et macabre, l’un parmi eux avait pourtant cru en lui, leur disant qu’il avait fait un rêve dans lequel l’hôpital était attaqué par des terroristes, et qu’il y avait eu plusieurs morts et des blessés graves. Légué dans un état presque parfait au gouvernement des Noirs par le régime cruel d’apartheid, cet établissement hospitalier de l’État, comme tant d’autres à travers le pays, se trouvait dans un état morbide et critique, quatorze ans après l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud (nous sommes en 2008). Seul, le nom de l’hôpital avait changé : de PW Botha à Nelson Mandela. Le reste ressemblait plus à un tombeau blanchi qui paraissait beau au dehors, mais qui au dedans, était plein d’ossements de morts. D’ailleurs, la plupart des hôpitaux publics sud-africains se transformaient petit à petit en des pièges mortels pour les malades qui s’y rendaient pour se faire soigner. Mais dans un pays où les inégalités sociales s’empiraient du jour au lendemain, ces malades pauvres n’avaient pas le choix car ils n’avaient pas l’assurance médicale coûteuse capable de se faire soigner en dignité dans un centre de santé privé. Dès six heures du matin, la réception du NMGH était prise d’assaut par des centaines d’hommes, des femmes et d’enfants noirs qui se bousculaient à l’entrée comme des demandeurs d’asile à l’entrée d’un camp des réfugiés. D’habitude, ils formaient une longue file qui s’étendait jusqu’à la rue Albert Luthuli, ce cul-de-sac où stationnaient souvent les véhicules de l’hôpital et des ambulances. Mais contre toute attente la semaine dernière, Andile Mthethwa, le médecin-directeur, avait déclaré que désormais les patients en consultation externe formeraient deux files, l’une pour les nationaux et l’autre pour les « africains ». Pour des raisons étranges, les Sud-africains décrivent tous les Noirs d’Afrique subsaharienne comme étant des « africains ». C’était comme si l’Afrique du Sud ne faisait pas partie du continent africain. Parmi ces étrangers, on comptait la présence des Zimbabwéens, des Congolais, des Angolais, des Mozambicains, des Malawites, et de divers ressortissants de l’Afrique centrale, de l’Est, du Nord, de l’Ouest et de la Corne de l’Afrique.
Né à Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC), ISSA DA SILVA SIKITI est un journaliste indépendant qui a beaucoup voyagé à travers l’Afrique et fait des reportages inédits pour le compte des médias internationaux. Il a vécu en Afrique du Sud pendant dix-huit ans où il a travaillé comme...