Thème : Littérature Erotique (Interdit aux moins de 18 ans)
Version publiée le 4 août 2021
La quatrième de couverture
Gus Maudi, surveillé dans ses excentricités par Line et Lilia Stanfeld, rencontre Marie Sophie Leslin dans un appartement à louer, à Paris. Il lui propose de devenir son modèle, mais celle-ci hésite à accepter. Il part en Bretagne sur les conseils d’un ami, et rencontre Gina, à Pont Aven, qui vit avec un autre peintre, qui disparaît sans prévenir. Frustré par sa disparition, il exécute le seul tableau qui se vend lors d’une exposition, avec Marie Sophie, revenue sur sa décision. Leur liaison, à l’insu du mari, tourne mal.
AVERTISSEMENT : des scènes ou des propos peuvent heurter la sensibilité des lecteurs
La première page
Dans un bar proche de la place Clichy, devant un verre de bière que j’avais commandé au garçon, sans vouloir refaire le monde, la pensée me vint, tel un flash, que j’avais rencontré Gus Maudit déjà, que je le connaissais de vue, que nous avions échangé des propos, ailleurs, dans Paris. Ce fut par le ton de sa voix que je le reconnus.
Il m’avait fait l’effet de quelqu’un d’assez ordinaire. Je savais qu’il avait la passion de peindre, d’après ce qu’il m’avait dit, qu’il buvait afin de compenser les réalisations imparfaites ou disgracieuses de ses œuvres. Celles-ci ne se vendaient pas, sans qu’il bougeât le moindre petit doigt pour en faire part à qui que ce fût, et il les critiquait. Dans sa conception de peintre, le rôle essentiel d’un artiste étant de contester le monde, en imposant une nouvelle vision des choses, pour susciter la stupeur, à la limite de l’incompréhension, ce qui semblait admis par tous le dérangeait. Il méprisait ceux qui obtenaient un succès facile. « Un objet rare, me dit-il, n’est pas bon à mettre entre toutes les mains. La notoriété vient, ou ne vient pas. On s’en passe, en tant que témoin de son époque. Créer à rebours, c’est déjà quelque chose… Mais plaire à tous, non. Je préfère rester seul dans l’ombre. »