La plateforme gratuite de diffusion littéraire
À Madame…
Nous étions sept dans le break, quatre femmes et trois hommes,
dont un sur le siège à côté du cocher, et nous montions, au pas des
chevaux, la grande côte où serpentait la route.
Partis d’Étretat dès l’aurore, pour aller visiter les ruines de
Tancarville, nous somnolions encore, engourdis dans l’air frais du
matin. Les femmes surtout, peu accoutumées à ces réveils de
chasseurs, laissaient à tout moment retomber leurs paupières,
penchaient la tête ou bien bâillaient, insensibles à l’émotion du
jour levant.
C’était l’automne. Des deux côtés du chemin les champs dénudés
s’étendaient, jaunis par le pied court des avoines et des blés
fauchés qui couvraient le sol comme une barbe mal rasée. La terre
embrumée semblait fumer. Des alouettes chantaient en l’air,
d’autres oiseaux pépiaient dans les buissons.
Le soleil enfin se leva devant nous, tout rouge au bord de
l’horizon ; et, à mesure qu’il montait, plus clair de minute
en minute, la campagne paraissait s’éveiller, sourire, se secouer
et ôter, comme une fille qui sort du lit, sa chemise de vapeurs
blanches.
Jeanne, ayant fini ses malles, s’approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas. L’averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel, bas et chargé d’eau, semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, (...)
2012
Un jour Massival, le musicien, le célèbre auteur de Rébecca, celui que, depuis quinze ans déjà on appelait « le jeune et illustre maître », dit à André Mariolle, son ami : – Pourquoi ne t’es-tu jamais fait présenter à Mme Michèle de Burne ? Je (...)
2013
On allait là, chaque soir, vers onze heures, comme au café, simplement. Ils s’y retrouvaient à six ou huit, toujours les mêmes, non pas des noceurs, mais des hommes honorables, des commerçants, des jeunes gens de la ville ; et l’on prenait sa chartreuse (...)
2013
Arthur ouvrit la porte avec son passe-partout et entra, suivi d’un jeune homme qui se découvrit d’un geste gauche. Il portait de grossiers vêtements de marin qui détonnaient singulièrement dans ce hall grandiose.
Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement.
Comme je l’avais supposé avant de faire la connaissance de Mme de Villeparisis à Balbec, il y avait une grande différence entre le milieu où elle vivait et celui de Mme de Guermantes.