Après le succès d’Enlève le haut ; pour le bas, j’arrive, j’ai voulu poursuivre sur le bondage. Ces histoires sont toutes racontées par la victime, qui décrit, avec tous les détails, sans pudeur, ce qu’elle ressent. Des femmes, qui n’ont pas froid aux yeux, découvrent le plaisir d’être attachée, et la relation très intense avec l’autre que cela provoque.
Quelques nouvelles très courtes présentent des instants de vie. Une jeune fille provoque un copain timide… mais qui bientôt ne l’est plus. Une autre se venge adroitement de son violeur. Lassée d’un copain moqueur, une (presque) gamine se lance dans un quiproquo qui tourne mal. Deux copines tentent un bondage japonais auprès d’un maître, qui n’hésite pas. Bref, de la variété.
Trois autres nouvelles, plus longues, reprennent des classiques, et les racontent à leur manière.Une jeune femme veut revivre Histoire d’O, mais les temps ont bien changé. Ana, l’héroïne des 50 nuances de Grey, montre du poing à Christian et vit une relation d’égal à égal. Quant à James Bond, il n’est plus très frais à son retour de Corée du Nord, et l’agent M. le remet en forme pour ses belles.
Ces histoires sont toutes optimistes, aucune ne tourne au drame… mais cela n’empêche pas les surprises, nombreuses.
J’aime le sexe, mais je suis lassée des garçons, ils ne sont pas créatifs. J’ai imaginé autre chose : me faire attacher, nue, sur un lit, par un garçon que je ne connais pas trop, pour avoir peur et ne pas savoir ce qu’il fera. J’ai tout organisé. J’ai acheté sur Internet une corde de 8 mètres, en chanvre, très douce, pour faire du bondage. J’ai choisi Bertrand, un copain de classe (on est en terminale techno et on a 18 ans, tous les deux). J’avais flirté avec lui, mais pas couché.
Ce jour-là, il était chez moi, nous avions une rédac’. On n’avançait pas car on n’avait pas d’idées. On était fin mai et il faisait très chaud.
Nous sommes à ma table de travail, devant le lit, près de la fenêtre. Je lui dis : « Je te laisse, je vais aux toilettes ». Il ne m’entend pas, tellement il réfléchit. Je me déshabille dans la salle de bain, et je reviens sans rien sur moi. Il n’a pas bougé, il écrit assez vite sur sa feuille. C’est bien. Je suis ravie qu’il fasse le travail pour nous deux. Il a droit à une récompense !
Edition999 rencontre d’Alfred Anchetain pour "Je suis nue, attache-moi"
Edition999 : Après le succès « Enlève le haut ; pour le bas, j’arrive », vous nous avez proposé un deuxième recueil, toujours sur le bondage.
Alfred Anchetain : C’est la seconde partie du même texte, que j’ai réunis en un seul livre, imprimé en couleurs (vos lecteurs peuvent me le demander). Vous aurez de nombreuses illustrations, dont les visages des héroïnes et des héros, qui manquent ici.
Edition999 : Ils manquent ?
Alfred Anchetain : Comme pour le premier recueil, ces histoires m’ont été « données ». Mais pour les développer, je me suis aidé de photos. J’ai recherché sur Internet, et un visage s’est tout de suite imposé. C’était mon personnage, impossible d’en changer. Il y a de belles filles et femmes, d’autre mois bien. Une certaine variété. Plusieurs semblent vraiment s’amuser.
Edition999 : On le sent dans vos textes.
Alfred Anchetain : J’aurais voulu raconter des histoires simples, qui se passent bien. Impossible, il y avait toujours quelque chose qui tournait mal, douloureux ou pénible. Mais elles finissent toujours bien. Mes nouvelles sont optimistes.
Edition999 : Vous vous êtes inspiré d’œuvres
classiques, L’histoire d’O, Les 50 nuances de Grey, et une aventure de James Bond, Meurs un autre jour.
Alfred Anchetain : J’ai voulu les raconter autrement, d’une manière moins outrée, plus adaptée à notre époque. Il y a aussi Le cœur conscient de Bettelheim, qui m’a servi de support pour Sexe et soumission.
Edition999 : Un récit assez dur, avec beaucoup d’épreuves.
Alfred Anchetain : Mes modèles m’y ont poussé. J’y suis resté fidèle. Mais c’est supportable ! La femme raconte ses difficultés, ce qu’elle ressent. Je fais de l’érotisme psychologique.
Edition999 : Vous êtes psychiatre, vous avez du métier !
Alfred Anchetain : Je n’aime pas lire : « Il a fait ceci, elle a fait cela ». Il faut sentir la personne vibrer. Dans sa chair. Être lié(e) ou entravé(e) augmente les sensations d’une manière considérable.
Edition999 : On sent chez vous une méthode, une démonstration.
Alfred Anchetain : J’ai présenté des situations vraisemblables. Une gamine lasse d’une sexualité qui se répète, une fille au pair abusée sexuellement, une jeune femme dont on se moque parce qu’elle est trop musclée, une autre que l’exotisme attire… Mais cela reste toujours drôle, dans la conclusion en particulier. La victime est devant un problème qu’elle doit résoudre.
Edition999 : Le bondage est un problème ?
Alfred Anchetain : Quand on est attaché, qu’on ne peut plus bouger, l’autre peut faire de vous ce qu’il veut. Cela entraîne de l’angoisse. Elle augmente toutes les sensations, le plaisir en particulier. On arrive à des niveaux presque impossibles autrement.
Edition999 : Se livrer ainsi à l’autre comporte des dangers.
Alfred Anchetain : Il n’y a pas de plaisir sans gêne. Il faut être dans la confiance. Mais chacun joue avec les limites. On le voit dans la première histoire. On ne sait pas à la fin ce qui va se passer… Dans le bondage, c’est ce qui est amusant.
Edition999 : Vous le conseillez ?
Alfred Anchetain : Entre des gens responsables et qui s’aiment, si on reste dans le (très) classique. Comme tous les sentiments sont exacerbés, cela peut vite tourner au drame. L’érotisme est une manière de rendre la vie plus gaie. En même temps, comme cela touche à la sexualité, et la procréation, c’est du sérieux.
Edition999 : Rire avec des choses importantes, qui ont du sens.
Alfred Anchetain : C’est un bon résumé, oui.