📽 Edition999 rencontre Alfred Anchetain
Edition999 : Vous êtes un auteur prolifique. Nous aurons bientôt mis en ligne 14 de vos textes, avec le troisième opus de « Toute nue… » et le huitième de « Belle de jour ». Qu’est-ce qui vous pousse à écrire ?
Alfred Anchetain : Je suis très encouragé par vos lecteurs. Il semblent avoir plaisir à me lire.
Edition999 : Vos ouvrages sont pourtant sérieux.
Alfred Anchetain : Je raconte la vie telle qu'elle est. On ne couche pas toute la journée. Si le lecteur n’attend pas la scène de sexe avec une certaine impatience…
Edition999 : Vous dites beaucoup d’autres choses.
Alfred Anchetain : Il ne faut pas confondre "érotisme" et "baise". Les trois épisodes de « Toute nue… » sont autobiographiques. Il n’y a pas de sexe du tout. Et pourtant, ces nouvelles ont fait mes meilleurs scores, sauf du temps du Covid, et des confinements.
Edition999 : Époque bénie des éditeurs en ligne.
Alfred Anchetain : J'ai eu 6.000 téléchargements pour le premier semestre de « Enlève le haut… », et plus de 10.000 sur un an. Je n’ai jamais fait mieux. « Tout nu… » fera sensiblement 2.500 pour les six premiers mois. Intrigue hyper-mince : impossible de voir une femme retirer sa culotte en public !
Edition999 : Grave question de société, en effet. Mais, dites-moi, vous tenez un registre comptable ?
Alfred Anchetain : J’ai beaucoup publié en édition papier. On ne voit pas si son livre a du succès. Ou deux ans après, par les chiffres de l’éditeur. Avec l’édition en ligne, et votre site, je relève les compteurs de mes filles, tous les matins.
Edition999 : La nuit, elles font le trottoir ?
Alfred Anchetain : On me lit surtout après le travail, pour se distraire, pour découvrir une autre ambiance, une vie plus animée.
Edition999 : Vos textes ne sont pas « masturbatoires »…
Alfred Anchetain : J’évite. Ces filles, et les hommes qui les accompagnent, j’ai fait en sorte que vous puissiez les rencontrer dans l’escalier. Le sexe n’est pas leur préoccupation première.
Edition999 : Même Béryl, votre héroïne de « Belle de jour » ?
Alfred Anchetain : Je me suis retrouvé au lit avec elle, sans l’avoir préparé. Quasiment un « Tu viens ? ». Je l’intéressais, elle voulait me tester. Une fille très intelligente, très vive, très ambitieuse. J’en ai gardé un souvenir ému.
Edition999 : Vous étiez un amant de plus ?
Alfred Anchetain : Non, une fille très sérieuse, mais fidèle… à plusieurs.
Edition999 : Cinq hommes et trois femmes, vous le dites.
Alfred Anchetain : Dans le roman, oui. Avec même quelques clients en plus. En réalité, elle n’en avait pas autant. Je n’ai jamais su combien. Ce n’était pas une assoiffée de sexe. Elle voulait me connaître. Mieux. Au lit.
Edition999 : Une fille qui ne laisse pas de question en suspens.
Alfred Anchetain : Un problème se pose, elle le résout. D’où ses difficultés : voyant son efficacité, son entourage la met en première ligne. Après, elle doit se reposer, se détendre.
Edition999 : Et s’affirmer… en couchant.
Alfred Anchetain : C’est logique.
Edition999 : Elle est tout de même un peu sensible… du bas.
Alfred Anchetain : On la rencontre, on la voit, on a envie de faire l’amour avec elle. Reconnaissez, ce n’est pas facile à vivre. Elle doit se protéger, s’habiller en noir, ou en bleu marine.
Edition999 : Hyperclassique. Elle a été élevée chez les Sœurs.
Alfred Anchetain : Mes personnages ont tous des principes, ce ne sont pas des opportunistes, qui vivraient au fil de l’eau.
Edition999 : Même Anaïs, la tenancière du lieu de rencontre de votre « Belle de jour », qui fait subir un certain nombre choses à Béryl, se considère comme une éducatrice.
Alfred Anchetain : Elle la sadise, pour lui faire voir ce qu'elle a elle-même subi. Mais, pas seulement, elle veut lui ouvrir de nouveaux horizons, un éventail de perspectives… Même si elle l'oblige, dans sa Maison, à rester très orthodoxe.
Edition999 : Vous oscillez entre la timidité et la quasi-pornographie. Vous explorez les choses en chercheur scientifique.
Alfred Anchetain : J’étudie le sexe « normal », même s’il est un peu chaud. Béryl fait un large usage du préservatif. Elle n’attend pas d’avoir des ennuis.
Edition999 : C’est curieux dans un ouvrage érotique.
Alfred Anchetain : Tous mes personnages aiment la vie, les plaisirs qu’on y trouve. Mais ils ne font pas ça n’importe comment.
Edition999 : En résumé, si je rencontre Béryl, je dois être prêt à tout ?
Alfred Anchetain : Vous ne risquez pas. Cette histoire remonte aux années 70. Nous étions jeunes, tous les deux.