Béryl, 25 ans, au physique attractif, constate, après une soirée professionnelle où elle a été abondamment courtisée, que sa vie de couple est un échec. Elle a épousé un homme, beau et chirurgien, mais qui n’assure pas. Elle prend sa vie en main et cherche un travail. Faute de débouchés dans sa région, elle commence au bas de l’échelle, bien décidée à faire feu de tout bois. Elle parvient, grâce à sa force de persuasion sur un boss timide, à un poste de cheffe de projet. Mais elle attend davantage de la vie. Un riche médecin, ami de son mari, lui révèle bientôt la valeur de ses charmes dans un cadre intime et agréable.
Je suis vannée, il est plus d’une heure et demie du matin. Les deux extras sont parties, elles ont rangé la vaisselle dans les caisses pour que le loueur les reprenne. Elles ont mis les restes au frigo. La femme de ménage viendra tout nettoyer et enlever ces bouteilles qui encombrent la cuisine.
La fête où nous avions réuni tous les correspondants de Mickael fut un bon moment. Nous le faisons une fois par trimestre, pour entretenir les liens. Même s’il est très habile, il a de la concurrence. Pour la chirurgie de la main, difficile, les gens ont tendance à monter sur Paris – ou même simplement à Caen. La clinique a une excellente réputation, mais l’hôpital draîne beaucoup. En plus, Mickael n’est pas là depuis très longtemps. Nous avons l’avantage du privé, mais il faut tenir la route. Pas facile.
Tout le monde a remarqué ma robe, fendue assez haut, que j’ai achetée pour l’occasion. Quand je l’ai montrée à Mickael, pour voir si elle lui convenait, il n’a même pas remarqué que… je n’avais rien dessous. Il aurait dû me dire : « Habille-toi ! » Non, rien. Devant ses amis, j’ai failli la retirer, me montrer en tenue d’Eve, et dire : « Mon mari ne me touche plus ».
Interview d’Alfred Anchetain pour "Oie pas vraiment blanche"
Edition999 : Vous nous aviez confié, fin juin 2021, le premier tome (ou épisode) de votre « Belle de jour », inspiré du film de Buñuel, une femme bourgeoise qui trouve son épanouissement dans la prostitution. Pourquoi cette seconde version ?
Alfred Anchetain : Je cherche toujours à m’améliorer. J’ai maintenant terminé l’ensemble de « Belle de jour » qui fait 5 épisodes. L’idée que vous m’avez donnée, de le couper en morceaux, m’a permis d’entrer dans les détails, pour qu’on voie vraiment ce qui se passe. Cette seconde version a plus de dialogues. Elle est plus dynamique que la précédente. Mais c’est la même histoire.
Edition999 : Vous racontez dans cette première partie le cadre de cette histoire.
Alfred Anchetain : Cette fille est femme d’un chirurgien réputé, elle a fait des études de Psycho dans une excellente école de Paris, rien qui la prédispose à la prostitution. Il me faut montrer pourquoi elle en arrive là. Son mari n’assure pas sexuellement, elle est très courtisée et, à 25 ans, très jolie et très intelligente. Elle ne se voit pas moisir dans la ville de province où ils se sont établis. En plus, elle ne veut pas travailler en institution, ni en privé, ce à quoi la prédispose ses études. Elle veut une entreprise où elle puisse être cadre… Mais elle doit débuter en bas de l’échelle, faute de proposition adaptée.
Edition999 : Sa méthode : coucher ?
Alfred Anchetain : Tout le monde y pense pour elle. Elle veut casser cette image qui la suit depuis toujours.
Edition999 : C’est bien compliqué…
Alfred Anchetain : Elle veut le beurre… mais pas le crémier ! Pour autant, son directeur lui met dans les bras un cadre de la boite, qui ne veut pas coucher, et en plus qui n’est pas dans sa branche. Mais elle voit en lui une ouverture possible, surtout que sa chair se déchaîne, si je peux m’exprimer ainsi.
Edition999 : Vous insistez beaucoup sur les préliminaires, très en amont.
Alfred Anchetain : Imaginez-vous dans la situation… Ce pauvre homme vient de se séparer de sa compagne, et se sent pris au piège, avec une superbe nana. Dramatique ! On comprend son désarroi, que ça n’aille pas très vite.
Edition999 : Elle porte de la belle lingerie.
Alfred Anchetain : Je suis fan d’Aubade et de ses photos magnifiques, elles me servent de modèles. Cette femme, même si elle apparaît libertine, est très ferme sur les principes. C’est l’homme qui veut, c’est à lui de la déshabiller. Elle ne l’aidera pas ! En plus, préservatif à tous les coups.
Edition999 : Et s’il ne veut pas ?
Alfred Anchetain : Impossible. Il doit en passer par là. C’est tout le jeu de cette fille, de faire croire à l’homme qu’il veut, alors que c’est elle qui est en grand besoin, de tout.
Edition999 : Elle trouvera un second amant, un riche médecin.
Alfred Anchetain : Là, je me suis amusé. Il y a aussi un quiproquo. Elle croit que c’est un dragueur, alors qu’il est simplement mégalo et que l’argent lui brûle les doigts. Il n’est pas vraiment honnête, mais il l’aime et… voudrait bien l’épouser. Mais il a 25 ans de plus qu’elle.
Edition999 : Des personnages outrés.
Alfred Anchetain : Je prépare le récit. Lors du drame, raconté dans le film de Buñuel et que j’ai un peu adapté, tout va se retourner. Béryl se retrouvera dans une armée de requins, qui s’entredéchirent. Avec courtoisie, mais à coups de millions. Ses talents seront mis à contribution…
Edition999 : Dans cette première partie, vous brossez le contexte du drame.
Alfred Anchetain : Tout paraît beau et amusant, mais c’est plein de peaux de bananes. Elle devra s’attaquer aux « poseurs », ceux qui, par nécessité, veulent la ruiner.
Edition999 : Un genre Dallas, à la française.
Alfred Anchetain : Avec des acteurs que vous verrez tout nus, l’un après l’autre… Qui assurent bien ou moins bien, auprès d’elle. Hommes et femmes, bien évidemment.