Peut être le moment est il venu en cette veille de demi- siècle de me présenter moins laconiquement à ceux qui ont eu la gentillesse de me lire, ne serait ce que quelques lignes. Mon histoire n’a rien à envier à celle de mes congénères, si peu digne d’un quelconque intérêt. Issu d’une famille aisée Dieu merci frappée par le malheur, on a si peu à apprendre du bonheur, si peu gâté par mère nature, un tempérament porté au rêve, le fétu subit son improbable parcours non sans, Dieu merci, indulgence divine seulement " cogitatio humani cordis in malum prona sunt ab adolescentia sua". Il ne reste donc qu’à se relever et a reprendre le chemin de vie. Ensuite je ne me souviens plus de rien, trop inutile, juste cette scène, cette stérile bibliothèque des 70, dans un coin perdu, acollée au mur, ce reliquat d’un autre temps, une imposante bibliographie du dix-neuvième de plus de trente volumes abandonnée là comme pour meubler un vide, cette irrépressible curiosité et, là, l’instant magique ! Le coup de foudre ! La révélation ! Un monde ! Que dis je ? Un univers entier honnis, bafoué voire maudit m’apparait en toutes ses splendeurs ; j’ai enfin trouvé la logique à cette route !